Le sujet a été abordé ici et là par quelques personnalités mais de façon plutôt superficielle et sans lui donner, semble-t-il, toute la place qu’il mérite. Nous voulons parler de l’espérance de vie en bonne santé (EVBS), indicateur essentiel et tout à fait officiel qui distingue l’espérance de vie complète de celle vécue sans incapacité, ni maladie chronique plus ou moins invalidante, caractérisée par une absence de limitation dans les activité professionnelles, domestiques, sociales ou de loisirs.

Selon le docteur Christophe de Jaegher, fondateur de la Société française de médecine et physiologie de la longévité, l’espérance de vie en bonne santé est “la partie de vie menée en bonne santé, la capacité à vivre indépendant, de faire librement ce dont on a envie, que ce soit travailler, voyager et simplement être bien dans son corps et dans sa tête“. Une définition simple et qui résume parfaitement le concept évoqué.

Nous évoquons depuis longtemps ce sujet que feignent de découvrir quelques politiciens qui l’ont superbement ignoré jusqu’à cette période tourmentée de réforme. Il suffit notamment de relire notre article “Le deuxième grand tabou du débat sur les retraites“, publié il y a plus de 12 ans, en octobre 2010. Qu’a-ton fait depuis ? Quelles mesures ont été appliquées pour prendre en compte cette problématique ? Nous connaissons la réponse.

Ces sujets sont pourtant connus, font l’objet d’études, de statistiques et de données les plus officielles mais ceux qui se sont jurés de démonter notre système de retraite ne veulent évidemment pas en entendre parler. Ils ânonnent mécaniquement toujours les mêmes rengaines : allongement de la durée de cotisation, augmentation des cotisations… Alors que l’argent existe, il abonde même, bien au-delà des pauvres déficits improbables qui nous sont annoncés. S’attaquer sérieusement à la fraude sociale, fiscale et à la gabegie de l’État suffirait à garantir la pérennité de la retraite par répartition pour les décennies à venir.

Contrairement à l’espérance de vie à la naissance qui continue de croitre très modérément, cet indicateur de vie en bonne santé (à la naissance) a commencé à régresser, tout au moins pour les hommes, pour s’établir à 63,7 ans pour les hommes et 64,6 ans pour les femmes (données INSEE, 2021) contre, respectivement 64,1 et 62,7 ans en 2016. Le parallèle un peu cruel s’impose entre un âge de retraite à 64 ans que l’on veut nous imposer et le début des gros pépins de santé, limitations en tous genres et maladies chroniques au même âge.

Le recul de la France sur ce critère ne peut évidemment s’analyser de manière simpliste mais comment ne pas évoquer la dégradation de notre système de santé – ex-meilleur au monde selon la doxa – et celle des conditions de travail liées à une productivité de plus en plus élevée et au stress quasi-permanent qui en découle. L’éternel débat sur la pénibilité qui devrait aboutir à une modulation de la durée de vie au travail se doit de prendre en compte non seulement les activités physiques qui usent les corps mais aussi les métiers sédentaires et exposés au stress, grands pourvoyeurs de malades cardiovasculaires. Ces deux catégories arrivent à la retraites usés et meurent précocement.

La mobilisation, c’est maintenant ou jamais. Sinon viendront ensuite les réformes portant la retraite à 65, 67 puis 70 ans. Rappelons que des débats parlementaires évoquent cette hypothèse de 70 ans depuis 2008. Voir notre article “Travailler jusqu’à 70 ans ? Dans quelles conditions“. Lire aussi “En marche vers la retraite à 70 ans“. Nos politiciens et technocrates entendent-ils qu’il s’agit-là d’une véritable angoisse pour nos contemporains dont tous ne bénéficient pas d’une santé de fer ?

Alors ne laissons pas faire ! Mobilisation générale contre le funeste projet de repousser sans cesse les limites de la durée du travail, jusqu’à épuisement, jusqu’à la mort. Pour nous, pour nos enfants et leurs enfants : aucune concession ! Et tant pis pour les fonds de pension américains BlackRock, Vanguard et leurs valets stipendiés !

1 COMMENTAIRE

  1. Chez Adecco 53% de l’effectif à moins de 5 ans d’ancienneté. Le dernier pot de départ en retraite on ne s’en rappelle même plus. Bref très rare de voir des “anciens” en agence.

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