Comme chaque année à la même période, c’est devenu un rituel, le Forum économique mondial (FEM en français) tenait cette semaine son grand raout à Davos, réunissant pas moins de 2 800 participants en provenance de 60 pays. Il s’agit de la plus massive concentration mondiale et annuelle de milliardaires. Ce charmant village suisse, station de sports d’hiver huppée, est devenu au fil des années à la fois le temple de la pensée unique, le symbole de l’ultra-capitalisme et le réceptacle de tous les mantras sociétaux et autres dogmes auxquels il convient d’adhérer, tout au moins publiquement. Sinon, ambiance cosy habituelle, avec 5 000 militaires, l’ensemble de la police et gendarmerie suisses, des centaines d’agents de sécurité et à la fois survol et limitation de l’espace aérien comme de la liberté de circuler. Un peu comme si les oligarques pouvaient craindre quoi que ce soit d’ingrates population auxquelles ils ont voué leur vie !

Les “maîtres de monde” ou prétendus tels s’y retrouvent pour échanger sur les grands enjeux de ce monde, au risque, selon certains observateurs, de ressasser un peu toujours les mêmes thèmes, sans grand effet d’ailleurs, dans un entre-soi un peu déconnecté des réalités du quotidien de leurs modestes sujets. Ce sont, par exemple, ces milliardaires atterris dans le fracas de centaines de jets privés – 1 500 jets privés, selon nos sources – et de grosses limousines blindées venant vous expliquer que votre Mégane Renault pollue décidément trop et qu’il convient de vous interdire les centres-ville et même tout simplement de circuler si vous n’avez pas eu la bonne idée (et les moyens) d’en changer récemment. Ils n’évoqueront évidemment pas le fret maritime, ni aérien, ni les ravages environnementaux du tout-numérique, du tout-écran et de la voiture électrique, guère plus la Chine, responsable du tiers de la pollution mondiale… Étrange ce silence pudique sur les causes majeures de la pollution mondiale, non ? Tous les poncifs sociétaux y passent mais ce n’es pas ici le sujet d’en débattre. Notons quand même en passant le thème qui dominait ce grand rassemblement, celui d’une urgente nécessité de “rétablir la confiance”, sous-entendu des peuples envers leurs gouvernements et leurs médias. Amusant non ? après les trois années que nous venons de passer… Ne nous égarons pas, nous deviendrions intarissables…

Pour ce qui nous concerne, nous nous contenterons d’évoquer ici l’intervention dans le cadre du Forum, de “L’invité éco” de France Info, installé, physiquement ou virtuellement…, pour la circonstance, à Davos, de Christophe Catoir, Président du groupe Adecco, afin d’évoquer les questions et problèmes de l’emploi. Évoquant la récession auquel nous aurions jusqu’à ce jour échappé et qui constituait le thème central du dernier FEM de 2023, il a déploré la baisse de tonicité du marché de l’emploi, conséquence d’une dégradation du pouvoir d’achat et donc du niveau de consommation – Tonton pourquoi tu tousses ? – lui-même victime d’une inflation préoccupante. Jusque-là, pas vraiment de révélation…

Arc-bouté sur des schémas de croissance, de productivité et d’investissement, nos “maîtres du monde” misent à fond sur les potentialités de l’intelligence artificielle (IA), le nouveau Saint-Graal des temps modernes, avouant quand même du bout des lèvres qu’il y aurait des gagnants et des perdants. Pour les gagnants, suivez mon regard, quant aux perdants, reportons-nous aux hypothèses de la fameuse banque Goldman Sachs – pas vraiment des perdreaux de l’année ou des enfants de Marie, selon vos références – qui évoque la probable disparition de 300 millions d’emplois dans le monde. Rien qu’en France, une étude relayée par le quotidien Le Monde annonce le destruction de 800 000 emplois dans un premier temps. Voilà qui vient mettre une sourdine aux débats sur la pénurie de main-d’œuvre, pénurie d’ailleurs inexistante lorsque l’on sait que l’on dénombre environ 6 millions d’inactifs ou de salariés sous-employés, rien qu’en France. Évoquer une pénurie de qualifications serait plus conforme à la réalité. L’IA générative solutionnera-t-elle la question ? Financera-t-elle en même temps les millions de laissés pour compte ? A voir.

Nos précédents articles sur le sujet :

Forum économique mondial de Davos 2023 : le président du groupe Adecco invité en marge du rendez-vous annuel des oligarques

L’emploi, un des enjeux du Forum économique mondial de Davos

Show 2020 du Davos Circus

World Economic Forum de Davos 2017, c’est reparti

L’oligarchie tien salon à Davos

Dès demain, retour sur un Kick-off qui devrait faire date

7 Commentaires

  1. Les “maîtres du monde” se fichent du peuple ..seule la préservation de leur richesse les motive à prendre les décisions qu’ils nous impose ensuite !
    Quand à l ‘IA , cela n’arrangera pas la situation économique même si elle est et sera indispensable à court terme , puis long terme .
    cela va aller très, trop vite !
    Mais cela va tellement laisser de gens sur le côté !

  2. Un véritable CACTUS que cet IA, qui pousse, pousse dans le secteur du recrutement, qui n’aura pour d’autre effet que de réduire le nombre de permanent en agence au service des clients et de nos candidats, au profit d’une Armée Mexicaine de Responsables et autres Directeurs qui chez Adecco est déjà bien fourni. Adecco qui risque donc de se “piquer” sur ce cactus et se retrouver perdu dans le désert dans une course en avant illusoire vers un mirage de gain de PDM ! Nous faisons pourtant un métier de “relations humaines” ou l’IA n’a que peu de place…

  3. L IA va nous envoyer rapidos au coût marginal zéro et à l éclipse du capitalisme, toujours intéressant de voir les gens élaborer et construire leur propre perte…

  4. L’intelligence artificielle a pourtant ses limites en matière de recrutement.
    Ça a déjà été dit par le passé. Pourquoi le recrutement digital ne prend prend pas ?
    Tout simplement parce qu’un ordinateur ne suffit à ressentir le savoir être. Pas pour l’instant en tous cas

  5. L’ia, on n’y échappera pas, mais ça va forcément accélérer la baisse des effectifs en agences et au middle office ! Ça permettra peut-être d’augmenter encore la profitabilité, mais pas de reconquérir de la pdm !

  6. Il est facile d’imaginer que le message est passé de Davos vers Adecco pour Adecco et ce par des humains.
    IA IA et IA mais aussi inclusion inclusion inclusion, euh oui, mais pas pour tous. On n’en aurait pas laissé sur le carreau ?
    Et ce discours hallucinant sur la confiance ! N’oublions pas que nous évoluons dans un milieu professionnel où tout est permis

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