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Article paru le 4 octobre 2022

Hier, devant ses équipes réunies, un membre de la direction prétendait tranquillement que les organisations syndicales refuseraient de faire la moindre proposition dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO). Ils n’auraient, ces cabochards, qu’une seule et unique attente, celle de connaitre le montant de l’enveloppe globale allouée par l’entreprise aux évolutions de la masse salariales en 2023. Ils auraient donc refusé de formuler la moindre demande et d’énoncer quelque proposition que ce soit.

Ces propos dévalorisants pour notre fonction et notre investissement de représentants du personnel ont-ils pour but de déprécier notre mission ou ne s’agit-il que d’une manifestation d’ignorance sur le fonctionnement ordinaire des instances en mode négociation ? Nous ne trancherons pas aujourd’hui et ne nous lancerons dans aucun procès d’intention prématuré mais tenons néanmoins à rappeler, à titre pédagogique, les bases de fonctionnement d’une négociation en entreprise à notre novice dirigeant et commencerons donc par rappeler les étapes incontournables d’une négociation en entreprise. C’est un peu du e-learning à notre manière…

Une première réunion dite “réunion zéro” – c’est bien celle que nous évoquons dans notre article “Première réunion des NAO : des échanges sous haute tension” – sert à poser les bases de la négociation à venir. Il ne s’y énonce jamais aucune proposition sérieuse. Après avoir planté le décor et rappelé les enjeux, des membres de la direction abreuvent les élus de chiffres, tableaux, données diverses et un dialogue s’ensuit dans lequel il est surtout question de tester les intentions et attentes des uns et des autres. A ce stade de la négociation, les élus réclament généralement un certain nombre de données complémentaires nécessaires à leur réflexion et surtout l’annonce du montant de l’”enveloppe” dédiée à la masse salariale et surtout son évolution pour l’année à venir, en regard de celle qui s’achève. Classiquement, la direction souhaitant gagner du temps prétend qu’elle ne le connait pas mais que, promis-juré, elle devrait se trouver en mesure de le communiquer dès la réunion suivante ou celle d’après. A moins que ce ne soit celle d’encore après… Nous connaissons les pudeurs de vierge effarouchée de la direction dès qu’est évoqué le sujet qui fâche : le grisbi.

Cette année, innovation, la direction a osé annoncer tout de go qu’elle ne disposerait pas du montant,  ni du niveau d’évolution de la masse salariale avant le mois de décembre ou novembre dans le meilleur des cas, c’est-à-dire une fois les NAO terminées. C’est à la fois un mensonge éhonté, un affront et une gifle pour les élus. Vous connaissez la maison ? Ce serait bien la première année et dans cette seule entreprise que le poste budgétaire le plus important, la masse salariale, ne serait connu de la direction qu’au cours du mois de décembre ! Hypothèse grotesque, surtout lorsque l’on sait l’énergie qu’elle déploie pour l’établissement des budgets, dès le mois de septembre et sans doute bien avant en coulisse. Nous sommes bien loin du doigt mouillé et du marc de café !

Et d’ailleurs, avec un zeste de logique et un poil de bon sens, comment imaginer un dialogue serein, équitable et des propositions équilibrées dans une négociation en l’absence de toute notion budgétaire ? A-t-on déjà vu cela dans quelque domaine que ce soit ? Poser la question c’est y répondre.

Loin de ces manœuvres dilatoires, nous continuons à faire le job et rassurons l’ensemble de nos collègues : l’ébauche des propositions et revendications salariales ambitieuses et réalistes de l’équipe CFE-CGC  a été posée à l’issue de réunions studieuses. Il ne nous manque plus qu’une fourchette budgétaire, même relativement large, pour finaliser le travail et remplir au mieux notre rôle de négociateur. Mais nous n’attendrons pas décembre…

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