Entre 2013 et 2014, notre profession aura perçu un milliard d’euros au titre du CICE, ce qui en fait donc la championne toutes catégories en la matière. Mais quelles contreparties affiche-t-elle pour autant en termes de création d’emploi ? Chez Adecco, on nous cite à chaque fois la poursuite de recrutements commerciaux, fonction pourtant allègrement sacrifiée lors du Plan de départ volontaire, notre dernier plan social. Mais comment ne pas s’apercevoir que pour un commercial recruté, ce sont deux ou trois salariés quittant l’entreprise par la porte de service, sous des prétextes divers et variés ?
De façon générale, tous secteurs d’activité confondus, la dernière enquête de l’Insee révèle que 52% des sociétés dans le secteur des
services et 58% dans l’industrie placent l’investissement en premier
choix. Un échantillon de 77 directeurs des ressources humaines consultés
par le comité de suivi donne 49 réponses en faveur de l’investissement,
les autres usages arrivant loin derrière, emploi en tête. Il y a même des cas aberrants, minoritaires sans doute mais quand même,
dont celui mentionné par Alain
Giffard, secrétaire national confédéral de la CFE-CGC, syndicat
membre du comité de suivi, citant un exemple d’entreprise ayant déclaré utiliser cet argent pour former les managers à la gestion des effets d’un plan social. Admirable, non ? Un argent public, destiné à revigorer l’entreprise et stimuler l’emploi, détourné aux seules fins de professionnaliser les cadres dans la gestion d’un plan social et de ses conséquences. On vit une époque formidable ! Rappelons quand même au passage que cet argent, tout droit issu de la poche des infortunés contribuables doit, en principe, être utilisé pour
favoriser l’investissement, la recherche, l’innovation,
la formation, le recrutement, la prospection de nouveaux marchés, la
transition énergétique ou la reconstitution du fonds de roulement. Nous savons que Adecco n’a retenu pour sa part que la dernière option.
Rappelons au passage que le ciblage du CICE sur les salaires inférieur à 2,5 fois le SMIC favorise les entreprise de main-d’œuvre et elles seules, au détriment des entreprises liées à la technologie de pointe ou aux produits haut de gamme, souvent innovantes et surtout exportatrices. Alain Giffard souligne d’ailleurs ce paradoxe qui fait qu'”une entreprise qui exporte beaucoup, qui innove beaucoup, qui est un
fleuron de l’économie française peut encaisser très peu alors qu’à
contrario une entreprise qui n’exporte pas, qui ne
fait rien du tout à l’étranger qui n’a que des salaires inférieurs à 2,5
Smic, va encaisser théoriquement 4% de sa masse salariale
et 6% l’année prochaine
.”
Le CICE doit coûter en vitesse de croisière plus de 20 milliards d’euros par
an. Il a été intégré au Pacte de responsabilité annoncé fin 2013
qui prévoit en outre des réductions de cotisations sociales et d’impôts
des entreprises pour un montant total de 40 milliards d’euros, CICE
compris. Pour revenir au plus près de notre réalité quotidienne, les négociations annuelles obligatoires (NAO) devraient très prochainement démarrer et nous attendons cette année un geste fort de la direction. Après des années de disette et tandis que déferle l’argent public, nous ne pourrions accepter une énième année de blocage salarial.

1 COMMENTAIRE

  1. "Après des années de disette et tandis que déferle l'argent public, nous ne pourrions accepter une énième année de blocage salarial."

    C'est pourtant ce qui va se passer…
    Non ?

    Et je m'excuse mais au vu du paysage syndical chez Adecco, à la CFE CGC vous avez la plus gosse part de responsabilités en matière de NAO, avec UNSA. Les autres étant tous des travailleurs temporaires de l'entreprise, ils se fichent royalement des NAO…

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