Indemnités chômage menacées, retraite rognée, formations raréfiées : alors même que le marché de l’emploi est favorable aux cadres, les avantages de leur statut sont attaqués. Dans ce contexte et pour sa 10e année consécutive, Cadremploi a pris le pouls des cadres français avec l’Ifop : comment ont-ils évolué depuis 10 ans ? Comment perçoivent-ils leur futur ? Quelles sont leurs attentes actuelles ? Si les résultats démontrent toujours une volonté de mobilité assez forte, ils dressent un portrait du cadre de demain qui ressemblera de moins en moins aux managers d’aujourd’hui.

Un tiers des cadres aimeraient changer de poste


Qu’ils soient actuellement en poste ou en recherche d’emploi, les
cadres affichent une certaine sérénité : 73 % d’entre eux se déclarent
ainsi optimistes concernant leur situation personnelle
et 70  % s’estiment confiants quant au marché de l’emploi des cadres au global.

Portés
par cette assurance, un peu plus d’un tiers du panel nourrit des envies
d’ailleurs et se déclare ouvert aux opportunités (36 %) tandis que
33 % projettent clairement de changer de poste en 2019.
Preuve en est, 39 % ont effectué une démarche active au cours des six
derniers mois (consultation d’offres d’emploi, candidatures,
entretiens…).

Parmi les facteurs
qui les poussent à changer d’emploi, on retrouve en priorité la hausse
de rémunération (51 % vs. 62 % en 2011) et la bonne ambiance (42 % vs.
33 % en 2011).

 

Cette volonté de changement se traduit également par une nouvelle aspiration : l’entrepreneuriat.
12 % des cadres interrogés souhaitent ainsi devenir indépendants (7 %)
ou bien créer leur entreprise (5 %) ; une tendance encore timide, mais
qui progresse de plus en plus au fil des années (7 % en 2018, 6 % en
2017 et 4 % en 2016). Les plus jeunes sont particulièrement sensibles à
ce mouvement : 17 % des 18-24 ans aspirent à se mettre à leur compte ou
créer leur société (vs 8 % chez les 35-49 ans).


Une relation plus distanciée à l’entreprise


Autre enseignement du baromètre, les cadres font preuve de moins d’affect vis-à-vis de leur entreprise.

Si
pour exprimer leur sentiment à l’égard de leur employeur l’attachement
était en 2009 le premier qualificatif avancé par le panel (28 %), c’est
aujourd’hui
l’indifférence qui prime pour 23 % des cadres interrogés.
Toutefois, cela ne les empêche pas d’être encore plutôt fidèles et
d’estimer, pour 42 % d’entre eux, que la durée idéale d’un emploi au
sein d’une société se situe entre 5 et 10 ans !

Parmi
les autres éléments illustrant cette relation plus distanciée à
l’entreprise, le succès grandissant du télétravail témoigne du souhait
de gérer le rapport entre vie professionnelle et vie personnelle
différemment, même si ce mode de fonctionnement trouve lentement sa
place. Ainsi,
70 % des cadres souhaitent exercer leur activité en télétravail de façon régulière (vs 62 % en 2013) mais dans les faits, seuls 45 % y ont déjà eu recours (vs 37 % en 2013).

 
Cette volonté de
travailler à distance pourrait aussi trouver racine dans l’éloignement
souhaité des cadres avec le quotidien parfois pesant au sein de
l’entreprise. En effet, 54 % des cadres estiment que leur employeur n’a
mis aucun plan d’action pour lutter efficacement contre la gestion du
stress et les risques psychosociaux, phénomènes pourtant de plus en plus
prégnants.


Le cadre de demain : l’avènement de l’« expert métier »


Si les conditions
d’exercice des cadres ont évolué depuis dix ans, il en va de même pour
leurs compétences et leurs missions. Intégrant la montée en puissance
des « soft skills », les cadres estiment ainsi que les compétences
personnelles les plus importantes au travail sont
l’agilité avec l’adaptation aux changements (37 %), la capacité d’organisation (33 %) et l’aisance relationnelle (32 %).


Ce raisonnement s’applique également lorsqu’il s’agit de recrutement :
55 % des cadres pensent que la personnalité et le relationnel sont les
principaux critères de sélection des recruteurs en entretien et ce,
devant les années d’expérience (53 %) et les performances réalisées
(51 %). S’ils reconnaissent accorder une place importante à leur
expérience professionnelle sur leur CV,
ils estiment que le diplôme n’est plus un critère primordial :
31 % d’entre eux jugent que c’était un argument majeur il y a dix ans
mais seuls 16 % y accordent de l’importance aujourd’hui et seulement 6 %
pensent qu’on y fera encore attention dans dix ans.

 
A l’inverse, les cadres pressentent l’avènement de l’expertise métier (35 %) et des qualités personnelles (28 %) :
un avis qui nourrit sans doute le sentiment d’inadéquation actuel entre
formation professionnelle et évolution des compétences recherchées par
les entreprises, exprimé par plus d’un cadre sur 2 (55 %).

 

 

Réformes : entre inquiétude et lucidité


Soucieux de l’avenir de leur régime de retraite, les cadres accordent beaucoup d’attention à la fusion Agirc-Arrco qui bénéficie d’une notoriété solide auprès de cette population d’actifs : 79 % en ont entendu parler même
si, moins portés sur l’historique de leur statut, les jeunes (18-24
ans) sont 42 % à ne pas savoir de quoi il s’agit. Concernant leur avis,
ils ne sont pas vraiment tranchés : seuls 45 % pensent que c’est une
bonne chose, 21 % une mauvaise chose et 34 % n’expriment pas d’opinion.
Sur l’âge de départ en retraite, les personnes interrogées portent un
regard lucide sur la situation, estimant un âge moyen de départ en
retraite à 64,2 ans et un âge idéal de départ à 60,5 ans.



La possibilité de
bénéficier de l’assurance chômage après une démission, mesure récente,
est également plutôt bien connue des cadres (56 %) même si une large
majorité – 4 sur 10 – n’en a pas une idée précise. Enfin,
le projet de réforme des allocations chômage, en cours de réflexion, a retenu l’attention des trois-quarts du panel. Leur
avis sur cette réforme reste pour l’heure assez mitigé : 51 % la
trouvent juste par rapport aux non-cadres, 50 % par rapport à l’ensemble
de la population active et 42 % vis-à-vis des cadres eux-mêmes.

«
Les résultats de notre baromètre révèlent de nouvelles tendances qui
nous permettent de dessiner les contours du cadre de demain, qui se
retrouve challengé : un professionnel recherché davantage pour son
expertise métier et ses qualités relationnelles que par son bagage
académique. Le cadre est ainsi en train d’évoluer vers un profil alliant
savoir-être et savoir-faire avec une ambition : celle d’être heureux
grâce à un travail qui a du sens dans un environnement épanouissant »,
explique Thibaut Gemignani, CEO de Cadremploi

 

(1) 18e
baromètre Cadremploi Ifop : L’enquête a été menée auprès d’un
échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population cadre du
secteur privé. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la
méthode des quotas, les interviews ont été réalisées en ligne du 15 au
22 février 2019.

 

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