Voilà le genre de question que s’épargnent certaines organisations syndicales toujours promptes à parapher tout ce qu’on peut leur présenter. La signature compulsive n’est certes pas notre marque de fabrique et à la CFE-CGC, chez Adecco, elle demeure possible mais se fait plutôt rare, sélective et uniquement conditionnée à l’intérêt général pour les salariés. Elle est devenue une sorte de label précieux à ne surtout pas galvauder.

Les négociations ou prétendues telles, disons les réunions relatives aux Négociations annuelles obligatoires (NAO) une fois passées, la direction de l’entreprise propose à la signature des organisations syndicales un projet d’accord, NAO en l’occurrence. Si elle ne parvient à obtenir une majorité parmi les signataires, la direction se réserve le droit d’escamoter les (modestes) avancées qu’elle avait éventuellement concédé dans le cadre des réunions ad hoc. C’est la fameuse DUE (décision unilatérale de l’entreprise), sorte de 49.3 à l’usage des employeurs. Question efficacité, rien à redire, il suffit de consulter notre ex-Première ministre sortante et sortie sinon sortable, l’ayant utilisé 23 fois en 1 an, 7 mois et 23 jours. En entreprise, la DUE, c’est “silence dans les rangs, c’est moi qui décide !”.

Des avancées symboliques à prendre en compte

Le projet d’accord proposé aux organisations syndicales contient un certain nombre de mesures symboliques auxquelles nous sommes attachés, tel un 13ème mois – en réalité un 13ème fixe, puisqu’il occulte toute part variable de rémunération – revendication sur laquelle nous sommes revenus chaque année depuis des temps immémoriaux…

Autre point qui nous est cher, l’indemnisation, partielle certes, mais indemnisation quand même des coûts induits par le télétravail. Notre organisation a porté seule ou presque cette revendication pendant de nombreux mois et même quelques années : nous avons toujours dit, déclaré dans toutes les instances et écrit à nombreuses reprises* que le télétravail suppose un transfert de coûts de l’entreprise vers ses salariés (chauffage, électricité, eau, utilisation d’espace et de moyens personnels…). Notre direction n’avait jamais cessé de dénier nos arguments jusqu’à ce projet d’accord reconnaissant très explicitement la réalité de ce transfert de coûts. Au-delà d’une indemnisation insuffisante c’est, sur le principe, une belle et grande victoire de notre organisation.

Autre avancée non négligeable, la formalisation, tardive mais formalisation quand même, d’un mode d’emploi de la classification professionnelle et donc des règles présidant à l’évolution au sein de la grille. Seraient enfin établies les modalités de passage d’une classe à une autre, de F à G, par exemple ou de G à H pour autre exemple. La grille ne présentait strictement aucun intérêt sans cet aspect dynamique et opérationnel. C’est chose faite et il restera à faire vivre ce système.

Enfin, nous ne pouvons ignorer le (petit) coup de pouce, sorte de pichenette, sur les primes d’ancienneté. Un sou restant un sou, les quelques dizaines d’euros supplémentaires se prendront sans rechigner. Nous n’ignorerons pas davantage l’amélioration de l’ordinaire en ce qui concerne le forfait-mobilité durable (FMD).

A mentionner positivement enfin, la finalisation de la grille de minima internes (lettres G à K) et revalorisation des minima internes (lettres A à K). Au final une grille mieux-disante que celle de la branche.

Mais il manque l’essentiel…

Nous aborderions donc notre 16ème année de gel des salaires fixes. Un record absolu comme nous l’évoquions hier, dont le seul avantage serait de nous voir un jour figurer dans Le Livre des records Guinness. N’ayant aucun regard sur sa distribution, nous passerons rapidement sur l’enveloppe des augmentations individuelles, cette année dérisoire pour les non-cadres et plus que modeste pour les cadres.

Et nous avons fait le tour de la question.

Si nous venions à signer ce projet d’accord NAO, ce serait, vous l’avez bien compris, pour que notre direction d’entreprise ne puisse annuler d’une main les avancées réelles concédées de l’autre et mentionnées ci-dessus. Le risque demeure important et nous n’avons pas vocation à jouer, ni à pratiquer la politique du pire. Nous pouvons simplement promettre que notre organisation prendra ses responsabilités dans l’intérêt du plus grand nombre et notamment de nos collègues cadres et membres de l’encadrement.

 

*Voici 8 de nos principaux articles publiés depuis 2020 sur le télétravail et la notion de transfert de coûts. La route a été longue avant une reconnaissance de la réalité d’un transfert de coûts sur le salarié :

Le véritable coût du télétravail

Et maintenant il va falloir payer pour travailler

Aurons-nous un accord sur le télétravail chez Adecco ?

Hiver, télétravail et… factures de chauffage

Accord télétravail : le rendez-vous manqué

Combien nous coûte réellement le télétravail ?

Notre dernier tract : le télétravail oui… mais sans y laisser de plumes…

Télétravail : moins de rémunération et davantage de frais…

10 Commentaires

  1. Incroyable cette boite 🥹🥹🥹 dans laquelle , le fait d’avoir des miettes est deja une avancée pour les salariés…… on s’en contentera , c’est mieux que rien , ca aurait pu être pire ……voilà ou on en est …. la machine a perdre qu’est ADECCO est bien en marche , ya pas de doute la dessus ….. merci en tout cas, a la cfe cgc pour vos actions 👍

  2. Et bien …que dire ?
    La CFE-CGC nous a bien défendu et c’est déjà beaucoup !
    13eme mois ! Enfin pour tous ..
    Ancienneté quelque peu revalorisée !
    Une classification qui pourra servir à quelque chose et une reconnaissance du télétravail !
    Et bien c’est toujours ça de pris comme dirait l’autre !
    De toute façon il faut se contenter du peu que la Direction veut bien nous donner .. et ça fait looongtemps que les cadres n’ont rien eu !
    Alors BRAVO à la CFE CGC et MERCI

  3. D’accord avec plusdefric et picoreur de miettes sur l’action de la Cfe qui sont sans doute les seuls à se battre mais c’est vrai que nous devons nous contenter de peu ! ça va être difficile de fidèliser les permanents et les intérimaires avec ce genre de politique

  4. Merci pour cette Fève CFE-CGC au milieu d’une frangipane de revendications, on prend avec plaisirs notre parts de la galette saupoudré d’une patte feuilleté de PDM qui s’effrite. Les vieux de la vieille comme moi ne sont même pas étonné de l’avarice grandissante de notre direction. J’avoue être inquiet pour l’avenir de notre si belle entreprise. La seule chose qui me rassure c’est qu’à force de perdre de la PDM, les actionnaires finiront par avoir peur de ne plus avoir de dividende pour leurs actions et demanderont un changement de stratégie avec il faut l’espérer de vrais investissements dans les agences, et des salaires digne de ce nom. De toute façon à un moment donné ça va finir par se voir que nos concurrents payent mieux que nous, et qu’ils sont peuplés d’ex-Adecco désabusé. Je connais d’ailleurs plus de monde chez nos concurrents (mes anciens collègues) que dans nos propres agences ou je n’ai pas le temps d’apprendre un prénom qu’il est déjà parti…

  5. Certes c’est peu, mais face à une direction radine en tout habituellement, je pense que ce 13eme mois ne peut pas se refuser !!!

  6. Le 13 eme mois c’est une bonne chose mais pour les salaires fixes c’est du délire complet
    Celui qui a baissé en PV et qui n’a pas augmenté son fixe pendant toute cette période gagne presque le moitié de ce qu’il gagnait au début. On a du mal à comprendre comment il reste encore des anciens

  7. Un 13eme mois vous êtes sûr ??? La Direction consentirait à une hausse générale des rémunérations de près de 10% ? Je peine à le croire et craint une entourloupe

  8. Finalement vous signez ou pas ? C’est quoi l’avantage de signer je capte pas bien. De toute façon si vous signez c’est que c’est pas trop mauvais, on vous connait un peu. Vous n’êtes pas des accrocs de la signature compulsive comme vous dites vous mêmes

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