Faire simple, ce serait bénéficier des progrès technologiques afin de faciliter les tâches secondaires et annexes tout en gagnant en rapidité sur leur exécution, libérant ainsi un précieux temps à affecter aux missions principales. Le moins qu’on puisse dire sur le sujet c’est que, question simplification au quotidien, c’est plutôt mal barré. Nous l’avions vu au sujet de la suppression de la carte Total – voir notre article “Vers la suppression de la carte Total” – remplacée, au nom de prétendues économies, par un système incomparablement plus long, plus complexe et, au final, en défaveur du salarié.
Aujourd’hui, la mise en œuvre du logiciel Concur s’inscrit exactement dans la même logique. Nous n’épiloguerons bien entendu pas sur la phonétique fâcheuse de l’appellation Concur. N’insistez pas, nous ne ferons aucune allusion graveleuse, ni sous-entendu grivois ; ce n’est pas le genre de la maison. Une maison honnête et prude qui se demande toutefois qui a bien pu baptiser d’un tel nom un innocent logiciel qui ne demandait qu’à prodiguer ses services au plus grand nombre. 
Plus contraignant, plus complexe et plus long d’utilisation que Self RH, lui-même plus contraignant et complexe que le formulaire papier qu’il remplaçait, ce logiciel controversé vient alourdir encore un peu plus les tâches annexes à la fonction principale des salariés. Bien sûr, certains rétorqueront avec raison que le phénomène est général et que le simplification administrative fruit de la technologie n’était, au final, qu’un mirage, salariés et citoyens croulant sous une complexification infinie, et ils auront raison. Soyons concret et évaluons objectivement le temps passé à la réalisation d’une note de frais sur formulaire papier (deux à trois minutes au pire) et celui affecté à la même tâche sur Concur. Nous devons frôler le coefficient multiplicateur cinq, six ou même plus pour les “débutants”. Oublié aussi le mythe du “zéro papier” puisqu’il faut à la fois scanner l’ensemble des justificatifs, les photocopier par sécurité, en cas de perte par les services postaux, avant d’envoyer les originaux au siège. Bonjour la simplification. Il revient, de plus, au salarié de renseigner nombre de rubriques supplémentaires sans doute exigées par la comptabilité analytique à laquelle le salarié est ainsi prié de contribuer. Par exemple, pour chaque justificatif il est nécessaire de remplir de nom du fournisseur. Pour un ticket de métro à un peu plus d’un euro, il s’agit de nommer le fournisseur RATP, au cas où l’on ignorerait pareil détail. Vous prenez un repas seul en déplacement, il vous faudra quand même mentionner le nom de celui qui déjeune, c’est-à-dire le votre, au cas sans doute où, jeûnant, vous vous seriez contenté d’offrir le déjeuner à un passant. Surréaliste…
De plus, les rejets pour correction à la moindre petite imperfection viennent alourdir encore le temps passé tout en permettant à la direction de différer au maximum l’échéance de règlement. Ces petites tracasseries et brimades au quotidien génèrent une irritation dont on aurait tort de sous-estimer les conséquences à terme. Où est donc le progrès ? Où est passé le mythe d’une technologie facilitatrice et pourvoyeuse de temps ? A qui et à quoi sert cette complexification croissante ?
Réduction du temps de travail, réduction d’effectifs et complexification incessante des tâches au quotidien rendent vaines les incantations de la direction incitant les salariés à multiplier le visites commerciales, le temps passé sur le terrain, les contacts avec les clients, les propositions actives… Plus les années passent, plus le salarié pianote, pianote, pianote… l’essentiel de son temps, le nez rivé sur un écran. La structure génère de la complexité qui exige à son tour de la structure, etc…jusqu’à l’asphyxie des hommes et des organisations. Comment s’étonner que, pendant ce temps, des structures légères, centrées sur le métier, taillent allégrement d’importantes croupières aux mammouths adipeux peinant à se mouvoir ? Cette vérité dérangeante ne se trouve jamais clairement abordée par des cadres dirigeants tétanisés à l’idée de se voir soupçonner de ringardise, de passéisme ou même d’être devenus “has been” le type d’accusation qui ne pardonne pas dans un grand groupe et pas même dans une PME. Gageons qu’il y aurait pourtant sans doute là une piste de réflexion fructueuse…

3 Commentaires

  1. Je me marre !!!
    Dernièrement, je suis passé devant mon ex-agence et j'ai vu qu'elle n'était plus ouverte tous les jours non-stop mais par 1/2 journées…
    Curieux, je suis allé demandé aux ex-collègues la raison, pensant fort benoitement à un afflux de commandes, voire un gros client exigeant, qui ne permettaient plus la réception de nos collaborateurs intérimaires (et futurs).
    Mais non… le manque d'effectif allié aux diverses saisies et reporting ont fait qu'il a fallu fermer au public, non pas pour fournir les commandes, mais pour pouvoir traiter tout l'administratif et pour faire passer les différents tests et autres niaiseries dont nous sommes là aussi le leader incontesté.
    La ChAff m'avouant que son DZ lui avait intimé de ne plus faire de visites tant que son LEA n'avait pas été mis à jour, car celà lui faisait baisser son TAC général (!) ; là j'avoue que j'en suis resté muet.
    Penser que l'administratif est aujourd'hui un travail à plein temps chez Adecco…
    Pendant ce temps, les plus alertes de nos concurrents , visitent, recrutent et délèguent à tour de bras.
    Mais pourquoi changer ; les chiffres sont bons et l'action est au plus haut ? Je me suis donc dit que je n'était plus en phase avec le métier et que j'avais bien fait de prendre ma retraite…

    PS : le jour où je suis passé, elles géraient 35 TT à deux alors que quand je suis parti on en avait 150 à quatre.

  2. C'est clair qu'entre Léa, Déclic, COL, @doc et ses 3 icônes, Concur, SmartRH, les DF sous intranet pour Pontoon, les COFACE, les DAC, RAC… et Cash&Co on a de quoi s'amuser!! Recruter je sais pas, faire "du terrain" je sais pas non plus mais alors qu'est-ce qu'on use nos souris et nos claviers !! Quelle perte de temps, tous ces trucs là me bassinent !! Je pense que ceux qui en sont à l'origine se félicitent mais niveau terrain c'est imbuvable…

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